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Souvenirs familiaux
1 décembre 2020

Tournefeuille

 

 

Retourner dans notre appartement de la rue Lucien Lafforgue près du quartier Arnaud Bernard fut très éprouvant . Tout nous rappelait Denis .

Nous avons décidé de changer d'appartement et notre choix s'est porté sur un petit T3 au premier étage d'une villa à Tournefeuille , exactement rue Victor Hugo .

On disposait d'un petit enclos ce qui m'a donné l'envie de cultiver des légumes comme mon père et Marceau .

J'ai récupéré quelques outils à Pégomas , retourné une partie de la pelouse et planté des tomates , des aubergines ,des courgettes et des haricots verts. Il fallait ensuite irriguer la terre tous les soirs puis bécher et biner pour enlever les mauvaise herbes .

Je me souviens qu'après tous ces efforts et au bout de quelques mois , nous avons enfin pu récolter quelques légumes qui ont permis à Marie-Claire de nous cuisiner une seule ratatouille .

Tout ces efforts pour un seul plat .

Cela m'a dégoutté du métier de jardinier et depuis cette date je n'ai plus utilisé pelles , pioches et râteaux que pour planter des fleurs ou des arbustes.

Notre appartement était beaucoup plus moderne que celui de Toulouse . Il y avait en particulier un vaste salon avec une grande baie vitrée .

En fait , dès notre installation , notre vie a radicalement changé . Bien sûr , nous restions toujours traumatisés par le décès de Denis mais , Marie-Claire est devenue beaucoup plus sereine , elle passait beaucoup de temps à écouter en boucle le concerto pour violon de Beethoven qui est resté depuis cette époque , sa forme instrumentale préférée .

C'est aussi à cette époque que j'ai changé de poste à l'Aérospatiale . J'ai quitté sans regret le bureau d'études de Blagnac et ai rejoins le département électronique de Saint Martin du Touch .

J'étais plus prêt de notre maison et c'est là que j'ai rencontré des collègues qui sont devenus mes amis , Charles Firtion et Fernand Marsal et que je me suis enfin éclaté dans mon travail en développant les bancs de maintenance , mais j'ai déjà raconté tout cela .

La joie est revenue lentement dans notre foyer en partie grâce à nos nouveaux voisins .

Il y avait en face de notre villa , un couple que nous avons trouvé tout de suite très sympathique , les Moirano ,en particulier Joël , le mari , une force de la nature .

Et c'est aussi dans cette villa que nous avons rencontré pour la première fois un personnage extraordinaire qui est devenu par la suite un très grand ami , Claude Casademont .

Il occupait avec son épouse et sa fille l'appartement du rez de chaussée de notre villa .

Quand je dis que Claude est un sacré personnage , je crois que , de toute ma vie , je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi étonnant et d'aussi atypique .

Tous ceux qui l'ont côtoyé peuvent en témoigner . Un vrai personnage de roman .

Tout d'abord il se fait remarquer par son accent catalan rocailleux et sa perpétuelle bonne humeur mais surtout sa formidable capacité à assimiler ou à développer des techniques et des savoirs faire en partant pratiquement de zéro .

Ce n'est pas réellement un autodidacte , je crois qu'il avait fait des études supérieures , niveau BTS mais il est capable de devenir un expert dans n'importe quelle technologie ou sciences et sans aucun apport extérieur .

J'ai toujours entendu dire que Léonard de Vinci était un génie de ce type mais je crois , sans en faire des tonnes , que Claude Casademont est aussi génial , mais bien sûr sans sa notoriété .

La première fois que je l'ai rencontré , il réparait dans la cour de notre villa , une vieille Peugeot d'occasion , jusque là , rien d'extraordinaire sauf que , sans avoir aucune formation de garagiste , ni de carrossier et à une époque où l'on ne trouvait pas de tutoriel sur you tube , il avait en quelques jours , démonté , réparé , modifié des pièces et remonté la totalité du moteur et de la boite à vitesses de sa Peugeot sans aucune expertise extérieure , simplement en se fiant à sa seule intuition .

Il avait ensuite refait la totalité des sièges avant et arrière . C'était vraiment bluffant .

Un autre aventure , encore plus extraordinaire , quelques années plus tard ..

Il était à cette époque , ingénieur informaticien à l'Aérospatiale à Cannes et venait d'apprendre à la télévision que suite à la guerre du Koweit , de nombreux puits de pétrole étaient en feu et que l'Emir proposait une somme importante à celui qui trouverait une solution pour les éteindre .

En fait les tuyaux qui pompaient le pétrole avaient été arrachés en aval des vannes de fermeture par les bombardements et s'était enflammés . On ne pouvait pas s'approcher des feux pour les éteindre , ni fermer les vannes .

Alors tout seul dans son appartement il imagina un procédé pour les éteindre .

Il s'agissait d'un harpon qui devait envoyer un projectile constitué d'une bobine équipée d'un fil métallique qui devait fonctionnait comme le moulinet d'une canne à pèche .

La bobine devait s'encastrer dans le tuyau à l'intérieur duquel s'échappait le fuel en feu et se mettre en mouvement grâce à la pression du fuel , ce qui enroulait automatiquement le fil métallique à l'intérieur de ce tuyau en formant une boule qui en grossissant finirait par boucher le tuyau et ainsi éteindre la flamme .

Dans un premier temps , il mit au point son mécanisme et s'exerça à tirer à une distance de 100 mètres car, à cause de la chaleur Il était impossible de s'approcher plus prêt des tuyaux .

Une fois son procédé mis au point , il déposa seul , après avoir pris l'accord de sa société , un brevet pour son invention au près de l'autorité compétente .

Mais il ne savait pas comment présenter son projet à l'Emir du Koweit .

Il imagina , une stratégie improbable .

Il y avait à Cannes , sur le port des yachts appartenant à des milliardaires arabes . Je ne sais pas comment il s'y est pris mais tout ceci est vrai .

Il est entré en contact avec un de ces milliardaires qui séduit par son projet , l'emmena avec son jet personnel au Koweit , le présenta à un ministre qui lui proposa pour vérifier son procédé d'éteindre tout de suite quelques uns de ces puits . Ce qu'il fit .

Puis il revint à Cannes pour préparer l'industrialisation de son projet .

Malheureusement , pendant ce temps , Red Ader , le pompier américain spécialiste de l'extinction des feux par explosifs a obtenu le contrat exclusif pour éteindre tous les puits .

Claude n'a rien gagné dans cette affaire mais il avait tout même éteint quelques feux tout seul au Koweit . Quel type extraordinaire !

Pour finir une autre histoire beaucoup plus récente .

Sa nouvelle compagne est professeur de piano et à 50 ans passé , il s'est passionné pour la musique . Très rapidement , de débutant , il est devenu interprète .

Jusque là , rien d'extraordinaire mais à la retraite il est revenu dans son cher pays catalan où sa compagne est devenu l'organiste de son village . Il s'est alors intéressé à la conception des orgues et est devenu en quelques années facteur d'orgues , c'est à dire qu'il répare les orgues de la région .

Quand on sait la difficulté et le savoir faire nécessaire pour ce travail , chapeau l'artiste !!! .

Pour en revenir à mes premiers contact avec Claude à Tournefeuille , je me souviens d'une autre histoire plus drôle .

En bon catalan et héritier d'une famille de vigneron , il nous avait fait goutter un soir un vin assez agréable puis on était rentré dans notre appartement car mes parents arrivaient ce soir là de Cannes pour passer quelques jours chez nous .

Lorsque mes parents sont arrivés , vers 11 heures du soir j'ai parlé à mon père du vin que je venais de boire chez Claude .

Et comme il n’arrêtait pas de m'en parler , dès le lendemain avant le petit déjeuner , nous voilà tous les deux descendant jusqu'à l'appartement de Claude pour lui demander s'il ne pouvait pas faire goutter de ce vin à mon père . Chaque fois que je le rencontre , il me reparle en rigolant de cette soirée , la première fois où il a rencontré mon père .

 

Quelques années plus tard , il a quitté Airbus et Tournefeuille pour rejoindre l'Aérospatiale à Cannes et a acheté une maison à Pégomas .

Il m'a raconté , là aussi , chose extraordinaire que la première personne qui lui avait parlé le jour de son arrivé à Pégomas était précisément mon père qui avait remarqué sa voiture immatriculée en Haute Garonne . Ils se sont reconnus et sont devenus inséparables depuis ce jour .

Je me souviens aussi, d'une aventure assez amusante , la descente de la Siagne sur le canoë de mon père avec Claude et Denis Thomas , mon autre copain qui était à l'époque , le garde champêtre de Pégomas .

Parti en début de mâtiné de Pégomas , on a faillit couler plusieurs fois pour arriver à l'embouchure de la Siagne à La Napoule sain et sauf mais dans un état pitoyable car la rivière qui était parfois assez sauvage s'était transformée par endroit en égout .

Mais on avait bien ri .

Nos années passées à Tournefeuille furent relativement heureuses .

C'est cette année là que Louisette nous annonça qu'elle était enceinte de Sandrine qui naquit au mois d'avril .

Nous , bien sûr , on ne pensait qu'à l'arrivée de notre enfant qui allait changer notre vie .

En attendant , Marie-Claire continuait son travail au Laboratoire de Génie électrique avec ses copines secrétaires et ses copains chercheurs .

Je me souviens en particulier d'une journée où elle avait été jury de l'élection du plus bel étalon de son laboratoire . Le lauréat avait reçu comme récompense une poupée gonflable .

Et aussi d'un méchoui avec toute sa bande .

Moi , de mon coté , je continuais mes activités sportives avec mes collègues du bureau d'études de L'Aérospatiale , rugby , foot , footing et cyclisme .

Pour nos vacances d'été , nous avons décidé de faire le tour de l'Espagne .

Mais au lieu de partir comme à notre habitude avec notre petite tente canadienne , nous avons préféré utiliser la nouvelle caravane des parents de Marie-Claire .

Pour la tracter , car elle était assez lourde , nous avions acheté une Simca 1100

Ce fut un beau voyage qui ressemblait à nos voyages en Grèce ,en Italie et en Yougoslavie , sauf qu'à chaque arrêt , on n'avait pas à monter la tente ni à craindre les orages .

Nous ne couchions plus sur un matelas pneumatique qu'il fallait regonfler trois fois par nuit mais dans un lit confortable .

Et nous prenions nos repas dans une vrai salle à manger . Pour nous laver nous faisions halte dans de beaux campings . Une vrai vie de bourgeois .

Je me souviens entre autre d'avoir visité Peniscola et son rocher , Benidorm et sa superbe plage , Puerto de Masaron mais surtout d'avoir passé une journée entière à Tabernas près d'Almeria dans le désert où ont été tournés les westerns de Sergio Leone , Pour quelques dollars de plus et Il était une fois dans l'ouest .

On se promenait à travers les décors des villages de western , les saloons , le bureau du shérif avec sa cellule , et la potence au milieu du village .

A chaque coin de rue , on imaginait que l'on allait voir apparaître Clint Eastwood ou Lee Van Cliff .

On se photographiait dans les prisons , sur la potence , au milieu du village des indiens .

Je me souviens d'avoir voulu prendre une photo de Marie-Claire kidnappée par des cow-boys .

En fait c'étaient des figurants , probablement payés par les studios espagnols qui simulaient des combats au milieu des décors .

Sur ma demande , les cow-boys , prirent la pose et entourèrent Marie Claire qui me criait , dépêche toi de prendre la photo , ils en profitent pour me toucher les fesses .

Puis, on est reparti visiter l'Alhambra de Grenade , l'Alcazar de Séville ,et la mosquée Cathédrale de Cordoue .

Sur le chemin du retour , on est passé par Madrid pour voir les merveilles du musée du Prado , selon moi , l'un des plus beaux du monde avec ses chefs d’œuvres de Goya , El Greco et Velázquez .

Que du bonheur .

Enfin pas tout à fait car je me souviens que tracter la caravane n'était pas de tout repos . Je ne savais pas faire de marche arrière et très souvent lorsque nous arrivions près des plages , pour changer de sens , j'étais obligé de dételer la caravane pour la manœuvrer ce qui vu son poids n'était pas très aisée . Et ,un jour , alors que je roulais sur une route départementale , je n'ai pas remarqué que des branches empiétaient sur la route et ce qui devait arriver arriva . J'ai enfoncé le toit de la caravane . J'étais assez vexé et inquiet de ce que dirait Papi mais il ne m'a pas fait de reproche .

A notre retour d'Espagne ,nous sommes allé directement à Pégomas pour le baptême de Sandrine .

Grosse fête avec toute la famille , Pépé , Mémé , Roger , Louisette , Sandrine , Papi et Mamie Vella , les parents de Roger , Christian , Jeannine , Thierry et Véronique , Papi et Mamie , les parents de Marie-Claire , notre cousine Mireille mais aussi les amis de mes parents de Pégomas ,les Lacroux , René , Emilia , Alain , Claire et leurs 3 enfants et nous deux .

Et ma mère qui , comme d'habitude faisait manger tout le monde .

Les repas se terminaient toujours par la partie de boules avec la honte pour ceux qui étaient Fanny . C'était mon père qui avait institué cette tradition . Il y avait à coté du terrain de boules familial , un tableau en porcelaine représentant Fanny , une servante à la robe retroussée . Les perdants qui terminaient la partie sans avoir marqué un seul point devaient embrasser les fesses de Fanny sous les rires de tous les participants . La partie de boules de cette soirée fut mémorable .

Mon père qui avait fêté plus que de raison le baptême de sa première petite fille était assez éméché . Il faisait équipe avec Mamie , la mère de Marie-Claire et Alain , le fils de son ami d'enfance qui lui était complètement pompette .

L'équipe adverse était constituée de Papi Georges , le père de Marie-Claire et des parents de Roger .

Dès le début de la partie le reste de la famille compris que cela allait dégénérer car si Papi Georges pris l'affaire avec désinvolture les parents de Roger qui n'avaient pas bu et qui pensaient être de bons joueurs de pétanque prirent l'affaire très au sérieux .

Mais Papa , Alain et Mamie en jouant n'importe comment n’arrêtaient pas de marquer des points .

Papi et Mamie Vella commencèrent à s'énerver alors que Papa , Mamie et Alain riaient de plus en plus .

Et ce qui devait arriver , arriva .

L'équipe Papi Georges , Papi et Mami Vella ne marqua pas un point et dû embrasser les fesses de Fanny sous les regards moqueurs de tout le reste de la famille .

 

 

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