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Souvenirs familiaux
1 décembre 2020

Les premières années de mariage

 

 

C'est en 1968 , que nous avons décidé de nous marier .

 

Marie-Claire venait d'obtenir son BTS de secrétariat de direction et elle envisageait de poursuivre ses études dans une école supérieure de commerce .

Quant à moi , après quelques années de galère , j'avais terminé ma maîtrise de physique et décidé de poursuivre mes études au Laboratoire d'Analyse des Systèmes du CNRS pour obtenir en quelques années un doctorat d' Automatique .

Mais ma thèse à temps plein m'interdisait de continuer mon travail de surveillant d'externat au lycée Nord qui était relativement bien payé .

Je n'avait plus comme ressource que des petits jobs comme professeur de physique à temps partiel au collège de la rue des potiers ou moniteur de travaux pratiques à l'école d'ingénieurs de l'Enseeiht .

Que des travaux payés l'équivalent d'un tiers de Smic

Pour que l'on puisse se marier tout en me permettant de poursuivre mes études , Marie-Claire décida d’arrêter les siennes .

Elle avait toujours eu de bonnes notes scolaires et aurait pu faire une brillante carrière en droit , dans une banque ou une administration .

Elle a trouvé très rapidement une place de secrétaire à l'école d'ingénieurs de la rue Camichel .

Elle était de fait la secrétaire de direction du professeur Lacoste , le responsable du département de Génie Electrique , poste relativement bien payée .

Nous nous sommes fiancés .

Je me souviens que mon dernier salaire de surveillant d'externat m'avait permis d'acheter sa bague .

Nous sommes mariés le 22 juin 1968 .

Un mois plutôt , en mai 68 , au beau milieu des grèves , nous avons pris rendez-vous avec le prêtre pour la préparation du mariage religieux.

Ce pauvre prêtre, constatant que le futur marié était étudiant et donc, d'après lui comme tous les étudiants, un affreux gauchiste bouffeur de curé, ne nous a questionné que sur la révolution qui se préparait.

Le mariage a été assez gratiné coté cérémonie.

Nous étions les premiers de notre bande à nous marier et nos copains avaient décidé de nous faire une blague.

En sa qualité d'officier de sapeurs pompiers , Papi avait le privilège de pouvoir utiliser la salle des illustres de la mairie de Toulouse pour le mariage de sa fille , salle qui comme son nom l'indique était réservée aux mariage VIP.

Apprenant cela nos copains décidèrent de venir à la cérémonie en frac et haut de forme .

Ils nous attendaient à l'entrée de la mairie. Ce qui avait attiré une foule de curieux quipensaient assister au mariage d'une grande vedette.

Ils ont fait aussi une entrée très remarqué dans l'église en sautillant ce qui a relativement énervé, monsieur le curé qui était encore sous le choc de mai 68.

A la sortie de la messe les copains nous avaient préparé une autre surprise .

Ils nous ont fait une haie d'honneur et deux d'entre eux tels des tabellions nous ont présenté sur deux petits coussins rouges , nos cadeaux respectifs.

Pour Marie-Claire un rouleau à pâtisserie et pour moi une corde de pendu.

Ils ont animé le mariage toute la journée avec pour terminer la soirée un répertoire de chansons paillardes dans la plus pure tradition carabine.

Et, de l'avis de tous les participants, famille comprise, ce fut un très belle journée .

 

Notre mariage a très peu modifié notre vie de l'époque . Nous vivions entourés de copains avec très peu de moyens , comme la plus part des étudiants mais très heureux .

Ces années insouciantes ont durées environ sept ans jusqu'à mon embauche à l'Aérospatiale et à l'arrivée de nos enfants .

Notre premier appartement à Toulouse était situé près du grand rond , rue Benjamin Constant , au rez de chaussée d'une maison toulousaine.

Il y avait une pièce avec un coin cuisine qui donnait sur la rue et une autre pièce coté cour qui nous servait de chambre . Il y avait aussi un coin douche , un lavabo et un bidet .

Nos parents nous avaient payé un petit réfrigérateur et une cuisinière à gaz et nous avaient donné une table de salle à manger de ma grand mère , deux grands fauteuils , quatre chaises et un gros bahut du château de Daux . Nous avons toujours les fauteuils à Brax . Nous avons donné le bahut à Louisette lorsqu'elle s'est mariée . Elle l'a encore aujourd'hui .

Coté chambre , les parents de Marie-Claire avaient commandé à Robert Delmas , le cousin de Marie-Claire qui était ébéniste à la Juncasse , une très belle armoire et un lit de style Louis XVI que l'on a toujours .

Nous n'avions ni télévision , ni radio , ni chaîne stéréo . Nos quatre meubles constituaient notre unique patrimoine mais nous nous sentions très riches comparés à nos copains étudiants .

Côté voiture , mes parents avaient vendu ma belle coccinelle et m'avait acheté une petite 2 CV car elle consommait moins .

A ce sujet , Marie-Claire avait l'habitude de dire , pour se moquer de moi , qu'elle m'avait connu , habitant un château et roulant en Volkswagen et qu'elle était marié à un étudiant sans travail , roulant en 2 CV et vivant dans tout petit appartement .

Tous les matins je partais au LAAS près de Rangueil avec ma voiture et Marie-Claire n'avait que quelques mètres à faire pied pour rejoindre le laboratoire de génie électrique de la rue Camichel .

Pour les loisirs , nous avions les activités classiques des étudiants de l'époque , le cinéma , les repas avec les copains , les sorties à la mer ou à la montagne et bien sûr les vacances à l'étranger mais je l'ai déjà relaté .

Et puis quelques activités plus originales . Tout d'abord les parties de poker .

On avait pris l'habitude de se rencontrer le soir entre copains avec Marc Belin , Jacques Gallart , Jacques Negre , Christian Maury et quelques autres pour faire d'interminables parties de poker chez l'un d'entre nous .

Pour donner du piquant à nos parties on avait décidé de jouer non pas avec des jetons mais avec de l'argent réel .

On misait en début de soirée une somme qui correspondait au prix d'une place de cinéma ce qui était important pour nous , vu nos faibles revenus .

Avec cette règle celui qui avait perdu sa mise initiale ne pouvait plus continuer la partie , il lui était interdit de rajouter de l'argent .

Il était condamné à regarder ses copains jouer le reste de la soirée car , au petit matin , les gagnants invitaient tout le monde à déguster la fameuse soupe à l'oignon du restaurant l'Etincelle près de la gare Matabiau . Les filles ne jouaient pas mais nous accompagnaient tout au long de la nuit .

C'est ainsi que lors d'une soirée , chez Christian Maury , Marie-Claire qui s'était endormie sur un canapé avec ses talons hauts , s'est cassée le métatarse en se relevant brusquement .

Elle a du porter un plâtre pendant quelques jours et n'a pas osé dire à son travail qu'elle s'était foulée la cheville en descendant d'un divan , lors d'une soirée de poker .

Elle préféra dire qu'elle se l'était faite sur une piste de ski .

Nous avons passés de nombreuses soirées à jouer au poker entre amis mais malheureusement cela s'est mal terminé car avec le temps certains ont voulu miser des sommes beaucoup plus importantes .

Ce n'était pas mon cas car j'avais très peu de moyen mais il y avait parmi nos amis , Christian Maury qui n'était plus étudiant car il avait hérité d'une fortune assez conséquente suite au décès de ses beaux parents .

Les parties chez lui prirent une autre dimension .

Un soir , alors qu'il avait perdu rapidement sa mise initiale , il proposa contrairement à notre règle , de remiser une nouvelle somme pour lui permettre de continuer à jouer .

Je décidais alors avec quelques amis de ne plus participer à ces soirées .

Christian qui n'était pas un bon joueur de poker , buvait trop pendant les parties et perdait pratiquement tout le temps .

Un soir , Il perdit beaucoup d'argent et contrairement à nos engagements initiaux , le gagnant ne paya pas le déjeuner aux participants mais garda l'argent pour lui .

Cet événement mit un terme aux soirées poker de notre bande .

Je me souviens d'une autre activité originale que l'on pratiquait à l'époque durant nos loisirs .

Les rallyes touristiques.

Nous nous retrouvions régulièrement dans la banlieue de Toulouse répartis à quatre par voiture .

Le jeu consistait à trouver la réponse à des énigmes qui nous permettaient de nous déplacer étape après étape jusqu'au point final .

Notre premier rallye de ce type avait été organisé pour fêter la création du Laas .

Je me souviens que cela avait été une sacrée fête .Tout le personnel du Laboratoire avait été invité à y participer .

Il y avait les doctorants , les techniciens , les administratifs , les chercheurs , les professeurs et même notre directeur , le professeur Jean Lagasse .

Mais aussi le personnel de l'autre établissement sous l'autorité de ce même professeur , le laboratoire de Génie électrique dont Marie-Claire était la secrétaire de direction .

La règle de ce rallye avait été modifiée d'une façon assez originale .

Chaque épreuve était sensée se passer dans un pays différents , par exemple, l'Italie , l'Espagne , la Hollande etc . Pour se rendre d'un pays à un autre il fallait résoudre des énigmes .

Mais au lieu de gagner des points à chaque bonne réponse , on devait payer une amende à chaque erreur .

Au début du jeu on nous distribuait une enveloppe contenant différentes monnaies , une par pays traversés et à la fin de la journée , il restait aux occupants de chaque voiture une certaine somme qui nous permettait de participer à une vente aux enchères .

Les objets mis en vente provenaient de dons que le laboratoire avait obtenu de ses clients .

Je me souviens qu'avec Marie-Claire on avait récupéré un magnifique objet en bronze , probablement du XVIII° siècle . Un vase avec son pilon que l'on a encore aujourd'hui .

Mais ce qui m'avait le plus épaté était la façon dont on avait réalisé ces fameuses monnaies .

On possédait au Laas , chose rare à l'époque , une imprimante couleur et les techniciens avaient photocopié des vraies monnaies sur du papier ordinaire mais seulement côté verso .

Alors pour faire le malin , j'avais demandé à l'un d'eux , s'il ne pouvait pas me fabriquer des faux billets .

On avait bien ri à l'époque sauf que , quelques années plus tard , j'ai appris que ces mêmes techniciens avaient été arrêtés par la police avec une valise de fausses pesetas .

Pesetas qui avaient été fabriqués avec la fameuse imprimante couleur .

J'ai un autre souvenir de ces rallyes .

Ceux organisés par mon copain Hubert qui était devenu un maître dans l'art de concocter des énigmes improbables avec des jeux de mots foireux qui nous faisaient bien rire .

Il en organise encore aujourd'hui à Biscarosse .

Je me souviens particulièrement de deux épreuves .

La première consistait en une partie de rugby avec un canard vivant .

Pauvre canard . Il a survécu au match et je me rappelle qu'il nous a accompagné après le rallye à la feria de Pampelune .

On l'avait costumé avec un foulard autour du coup et un petit béret rouge et , comme il était tout blanc , il avait le même équipement que nous .

Et , en plus , il a passé toute la semaine avec nous , buvant du Cuba Libre à la terrasse des cafés .

Il était devenu en quelques jours une célébrité de Pampelune

L'autre épreuve dont je me souviens était encore plus folle .

J'avais toujours raconté à Hubert que je rêvais depuis longtemps de participer à une bagarre de tartes à la crème . En particulier depuis que j'avais vu au cinéma , la célèbre bagarre avec Laurel et Hardy . Alors , un jour Hubert , au cours d'un rallye en imagina une .

Je me souviens qu'il faisait très chaud ce jour là . Hubert convoqua toute la bande dans un grand champ au milieu du quel il avait caché une cinquantaine d'assiettes en cartons remplies de farine et d’œufs . L'épreuve consistait à trouver les assiettes , et à les lancer sur les adversaires . Celui qui resterait propre serait le gagnant . Mais il n'y eut que des perdants ce jour là .

Je me souviens aussi d'une soirée en Espagne .

Nous étions partis en week-end à Cadaqués sur la Costa Brava.

Il y avait entre autre Kiki , Hubert et Martine qui nous connaissait à peine car elle venait de rencontrer Jean-Louis quelques jours auparavant lors d'un des fameux rallyes organisés par Hubert .

Le samedi soir , nous étions une dizaine et nous avions décidé d'aller manger des langoustes qui étaient selon nos informations délicieuses et peu chères dans une des nombreuses auberges du bord de mer .

La soirée avait bien débuté mais à notre grande surprise , les langoustes que l'on nous servit

ne ressemblaient pas aux énormes crustacés qui barbotaient dans l'aquarium à l'entrée du restaurant mais n'étaient en fait que de très petites langoustines , pratiquement des crevettes .

Nous étions , surtout les mâles , très vexés de s'être fait arnaquer de la sorte et , nous avons décidé de partir sans payer …

En fait cette décision s'est prise à l' unanimité des mâles sous le double effet de la tiédeur du soir et du rosé catalan .

Mais surtout pour épater les filles qui d'ailleurs n'étaient pas épatées du tout mais plutôt très inquiètes de l'évolution de la soirée .

Nous avons opéré de la manière suivante . Tout d'abord , les filles sont sorties les premières accompagnés de quelques uns d'entre nous .

Au bout de quelques minutes , et pour laisser à notre troupe suffisamment de temps pour ne pas être rattrapé , je suis sorti discrètement du restaurant avec Hubert qui était resté avec moi .

Une fois dans la rue , nous sommes partis à toutes jambes .

Nous étions fiers de notre aventure exceptées les filles qui n'avaient pas du tout apprécié notre comportement de petits bourgeois qui voulaient jouer aux voyous .

Il faut dire que l'Espagne était à l'époque sous le régime du général Franco et que se confronter à la police était particulièrement risqué .

 

Nous avons un autre souvenir de l'époque où nous habitions rue Benjamin Constant .

Un soir il y eut à Toulouse un orage assez violent et notre appartement fut complètement inondé .

Je me souviens que les pieds des fauteuils Louis XIII furent endommagés . C'est Robert Delmas le cousin ébéniste qui nous les a réparé .

Heureusement il n'y eu pas trop de désordre mais Marie-Claire craignant que l'appartement soit inondé à chaque orage me proposa de le quitter .

Nous nous sommes installés dans un nouvel appartement rue Camille Desmoulins dans le quartier Rangueil .

J'étais plus prêt du Laas mais je devais déposer Marie-claire à son bureau avant de rejoindre le mien. Pour le retour, Marie-hélène Mathieu la ramenait.

L'appartement était situé au deuxième étage d'un petit immeuble sans ascenseur . Là au moins nous ne craignions pas les inondations . Il était plus moderne que notre premier appartement et assez joli. Le quartier était calme . Il y avait cependant un point qui nous avait fait hésiter à le louer .

L'immeuble jouxtait une voie de chemin de fer . Notre vie a été rythmée par les passages des trains . Mais cela ne nous empêchait pas de dormir .

Nous avons deux souvenirs à propos de cet appartement .

Le premier est assez exceptionel .

Le lendemain de notre installation , comme je sortais de notre appartement probablement pour aller chercher du pain , j'ai rencontré sur le palier nos amis Marceau et Françoise Riche .

Une semaine avant , nous avions été invités à leur mariage puis ils étaient partis en voyage de noces en Grèce .

Surpris , je leur demandais ce qu'il faisait là et ils m'ont appris , chose extraordinaire, qu' ils venaient tout juste d'emménager dans leur nouvel appartement qui se situait dans le même immeuble que nous et sur le même palier . On ne s'était pas concernés et d'ailleurs , on n'avait pas choisi la même agence de location .

Pendant quelques années on est restés voisins .

Je me souviens d'une autre soirée , avec Marceau dans cet appartement .

Nous avions acheté un petit téléviseur de couleur rouge que l'on avait installé sur une table basse .

Marceau et Françoise n'avaient pas de téléviseur et ils venaient parfois chez nous regarder un film ou assister à un match.

C'est ainsi qu'un soir de 1969 , nous les avions invités à l'événement du siècle , les premiers pas d'un homme sur la lune .

On était tous émus et un peu inquiets . Allait-on découvrir des extraterrestres ou bien assister à un drame .

C'était formidable de suivre cette aventure en direct à la télévision .

Au début c'était passionnant mais à mesure que la soirée se prolongeait il ne se passait pratiquement rien .

A minuit , les premiers pas sur la lune se faisaient toujours attendre , on commençait à s'endormir devant l'écran .

Françoise est allée se coucher chez elle et nous on a décidé d'installer le téléviseur dans notre chambre et on s'est couché , tous les trois avec Marceau .

On surveillait l'alunissage , dans un demi sommeil et finalement vers deux heures du matin on a pu enfin assister à cet événement extraordinaire .

Cela en à fait marrer plus d'un quand j'ai raconté plus tard que Marie-Claire avait regardé Amstrong faire ses premiers pas sur la lune , couchée dans un lit avec son mari et son copain .

 

A partir de 1969 , notre situation financière s'est bien améliorée car tout en poursuivant ma thèse au Laas , j'ai été embauché à l' ENSEEIHT , l'école d'ingénieurs , en tant qu'assistant du Professeur Lagasse , dans le service Automatique .

J'étais auparavant moniteur de travaux pratiques dans ce même service mais ce nouveau poste était beaucoup plus important . Je passais d'un travail temporaire mal payé à un poste de fonctionnaire de l'enseignement supérieur qui devait m'emmener par ancienneté jusqu'au poste de professeur d'Université .

C'est à cette époque que nous avons acheté notre Peugeot 204 décapotable , une merveille .

Quel pied quand nous roulions le long des plages Croates ou sous le soleil d'Italie et de Grèce .

Marie-Claire qui l'utilisait pour aller au travail m'a raconté qu'elle avait beaucoup de succès avec son beau cabriolet blanc .

A propos de ce cabriolet , je me souviens des vacances de l'été 1969 .

Depuis quelques années , nous avions pris l'habitude de partir chaque été en Grèce avec notre voiture , en passant par Pégomas où vivaient mes parents .

Mais cette année là , j'ai eu une autre idée .

J'étais secrètement jaloux de mes copains qui voyageaient à l'étranger en auto-stop .

En particulier Jacques Nègre qui nous avait raconté ses aventures extraordinaires à son retour . Mais aussi quelques années plus tard Jacques Gallart qui étaient parti avec Kiki Cottin jusqu'à Istanbul .

C'était l'époque , après mai 68 , où nous étions , surtout moi, énormément influencés par les Hippies et le roman On the road de Jack Kerouac .

J'avais vraiment envie de ressentir ce grand frisson . Nous retrouver seuls sur la route sans savoir qui allait s'arrêter pour nous prendre en auto-stop et où il allait nous amener . Se laisser guider par le hasard .

Marie-Claire n'était pas très chaude pour cette aventure . Pour essayer de la convaincre je lui parlais économie .

Le voyage aller retour en voiture représentait à lui seul pratiquement les deux tiers de notre budget à cause des frais d'essence et d'autoroutes .

Elle se rangea finalement à mon avis , et c'est ainsi qu'arrivés à Pégomas , j'informais mes parents de mon intention .

Nous allions laisser la voiture chez eux et dès le lendemain partir de Pégomas , en auto-stop .

Toute la famille était affolée par ma lubie mais ils n'ont pas tenté de me faire revenir sur ma décision .

Mes parents nous proposèrent de nous accompagner en voiture jusqu'à la frontière Italienne et après nous avoir payé le restaurant et un dernier adieu , nous quittèrent , un peu inquiets .

J'étais très heureux , Marie-Claire beaucoup moins .

Je me mis sur le bord de la route , le pouce en l'air essayant d'attirer l'attention des automobilistes avec mon plus beau sourire .

Il y avait énormément de voitures , toutes très chargées de touristes mais personne ne s'arrêtait .

Au bout de trois heures nous étions toujours au même endroit et Marie-Claire commençait à perdre patience .

Elle a d'ailleurs eu quelques jours après une éruption de boutons sur la figure probablement dû à la contrariété .

J'avais l'impression que les passagers des voitures nous regardaient avec amusement et un peu de mépris .

J'ai commencé à penser à notre super cabriolet qui nous attendait chez mes parents et aussi que nous allions peut-être passer la plus grosse partie de nos vacances en sueur sur les bords de l'autoroute .

J'ai finalement décidé de revenir chercher la voiture au grand soulagement de Marie-Claire .

Nous avons pris un train qui nous a ramené à la villa de mes parents .

Tout le monde s'est bien moqué de moi mais ils étaient tous soulagés de voir que je ne m'étais pas entêté .

Depuis cette date , je n'ai plus rêvé d'auto-stop . Le reste des vacances c'est déroulé sans problèmes .

Un ans plus tard , en juillet 1970 , alors que je n'avais pas encore terminé ma thèse de doctorat d'automatique , j'ai été rattrapé par la fin de mon sursis et obligé de quitter temporairement le LAAS pour faire mon service militaire .

J'ai déjà raconté mes aventures à la base aérienne de Francazal .

Le problème avec mon passage à Francazal c'est que , tout en conservant mon poste d'assistant , je n'étais plus payé pendant douze mois .

Pour faire des économies , mes parents nous proposèrent de nous héberger gratuitement dans leur villa de la route de Grenade car ils venaient juste de s'installer à Pégomas .

Louisette qui poursuivait ses études à la faculté de Droit de Toulouse restait avec nous .

C'est d'ailleurs cette année là qu'elle a rencontré Roger à la Fac . Il est venu rapidement s'installer avec elle . Heureusement la villa de Blagnac était grande .

Un souvenir qui me revient de cette époque concernait le vacarme des voitures .

Notre chambre donnait sur la route de Grenade et il y avait énormément de voitures qui circulaient tout au long de la nuit .

Rue Camille Desmoulins , on était aussi dérangé par les trains , mais, ils passaient à heure fixe et le bruit ne durait pas très longtemps .

Alors que là , le vacarme des voitures était incessant . Dés que l'on ne percevait plus le bruit d'une voiture qui venait de passer devant notre fenêtre , on commençait à entendre le bruit de la voiture suivante .On n'arrivait pas à s'endormir .

Résider à Blagnac nous permettait de faire l'économie d'un loyer mais obligeait Marie-Claire à se rendre à son travail en voiture .Elle a donc utilisé notre cabriolet et nous avons dû acheter une autre voiture pour moi car , après un mois d'armée , j'avais , étant marié , l'autorisation de rentrer chez moi tous les soirs .

C'était une vieille 2 CV dont la capote était poreuse , ce qui fait que par temps de pluie , j'arrivais à la maison tout mouillé .

C'est durant cette période que de nombreux copains se sont mariés .

Il y eu tout d'abord Martine avec Jean-Louis Parant mais je me souviens particulièrement de Jacques Gallart et Anne qui eux s'étaient mariés à la mode hippy .

Anne était vêtue de blanc avec un sari indien à gros carreaux bleus et était coiffée d'une couronne de fleurs mais c'était Jacques qui impressionnait le plus avec sa tunique orange , son pantalon et son grand gilet blanc qui descendait jusqu'au niveau des genoux . Avec sa superbe barbe il ressemblait à un maharadja .

C'est aussi à cette époque que nous avons adopté notre première chienne Tina . C'était une pinscher noire . Le vétérinaire lui avait coupé la queue et les oreilles . Elle courait partout dans la maison et n'arrêtait pas d'aboyer mais Marie-Claire était aux anges . Dans sa jeunesse , elle n'avait eu qu'une chatte , Minouche qui était restée avec ses parents . Alors elle s'en occupait comme d'un bébé .

J'ai terminé le service militaire en juillet 71 et nous sommes restés à Blagnac avec Louisette et Roger jusqu'à leur mariage le 2 octobre 1971 .

Ce fut , comme d'habitude dans la famille un très beau mariage à l'église de Blagnac .

Il y avait toute notre famille les Jaladieu , les Almon , les Sancère et aussi ma grand mère maternelle , la mémète . Et bien sûr les Vella et les Buonocore du côté de Roger .

Dès le lendemain de leur mariage , Louisette et Roger décidèrent de rejoindre mes parents à Pégomas . Louisette termina ses études de secrétariat à Cannes et Roger fut embauché au Crédit Agricole de Grasse .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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